Faites-vous-même votre malheur !

"Savoir que nous sommes les artisans de notre propre malheur, mais comprendre que nous pourrions tout aussi bien construire notre bonheur."
Paul Watslawick (1983)

Pour Watslawick, théoricien et vulgarisateur prolifique de l’école de Palo-Alto, tous nos problèmes viennent des modèles mentaux, des cadres de référence que nous utilisons pour donner du sens à ce que nous vivons. 

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Comme l’explique son élève Giorgio Nardone dans "Chevaucher son tigre":
​"Pour redresser une chose, il faut d'abord apprendre à la tordre davantage".

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Employant une démarche paradoxale pour nous apprendre à être un peu plus heureux, Watslawick décrit de manière humoristique dans "Faites vous-mêmes votre malheur" plus d’une dizaine de moyens de renforcer sa maîtrise à construire son propre malheur. ​

Être malheureux est certes à la porté du premier venu. Mais se rendre malheureux, faire soi-même son propre malheur sont des techniques qu'il faut apprendre : à cet apprentissage-là, quelques coups du destin ne suffisent pas.

Considérons quelques exemples des conseils de Watslawick pour mieux faire notre malheur…

Le regret du bon vieux temps

L’auteur nous recommande de vivre dans nos souvenirs, en regrettant le bon vieux temps, notre jeunesse enfuie, notre bel amour perdu, etc. Ainsi résolument tourné vers le passé, se coupant des autres en multipliant les plaintes et lamentations, nous maximisons les chances de rater les opportunités du présent, ce qui alimente inévitablement notre conviction que "vraiment, c’était bien mieux avant…"

de tels coups d’œil furtifs en dehors du passé risqueraient trop facilement d’entamer la crédibilité de nos convictions pessimistes

La position de victime

Adopter la posture de victime de tout ce qui nous arrive de négatif, en rejetant toute possibilité d’y avoir contribué même involontairement, permet d’éliminer toute possibilité d’être acteur d’une amélioration de la situation. 
On sait bien que tout se joue avant sept ans, que les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus et que nos parents nous ont infligés des “blessures” irréparables. Quant à notre partenaire, ce “pervers narcissique”, il nous a bien eu !
Un peaufinement d’expert consiste à pouvoir remonter au-delà de notre propre existence. Si nous sommes victimes par descendance, si la généalogie nous condamne à porter le poids des malheurs de nos ancêtres, nous devrions être vraiment à l’abri de toute possibilité d’amélioration de notre situation.
Et comme "ce qui est fait ne peut être défait", nous voilà piégé à jamais. Attention, pour que le processus fonctionne, il faut bien veiller à ce que la responsabilité de nos malheurs échappe totalement à notre maîtrise.
Ne pouvant plus être acteur, il ne nous reste plus qu’à subir ce que le monde, les autres, nous impose…Tout en nous lamentant de cette injustice.

Il suffit d’insister

Pour mettre en œuvre cette recette, deux précautions à employer :

• une seule solution doit être possible, raisonnable et logique
• ne jamais remettre en question qu’il n’existe que cette solution-là et que sa logique est inébranlable

Les conditions sont alors réunies pour appliquer ce formidable processus : si ça n’a pas encore marché, c’est qu’il faut en faire encore plus, redoubler d’effort. Bien entendu, comme ça ne marche pas, nous voilà encore plus malheureux qu’avant, ce qui renforce l’urgence d’insister.
"Je n’arrête pas de lui répéter…""Je lui ai dit 1000 fois…"
Et alors ? "Il n’écoute jamais".
Et que faites-vous ? "Je lui répète plus fort"
Bien, vous êtes sur la bonne voie…

Dans la vie on est gagnant ou perdant

Il n’y a pas d’alternative : “si je ne ne me bats pour m’imposer, c’est l’autre qui gagnera”. 
Voilà une stratégie infaillible pour rater sa vie de couple et ses relations en général. Bien tenir la comptabilité des points gagnés par l’autre et s’assurer qu’à chaque point que l’on perd, on trouvera un moyen de le faire payer à l’autre. Rester sourd et aveugle à l’idée que la relation en souffre systématiquement et qu’on perd ainsi toute chance de vivre autrement notre vie que dans un combat permanent.
Ce jeu est merveilleux car même si l’autre n’y joue pas spontanément au début, nous réussirons probablement à l’amener progressivement à descendre dans notre arène.

Une posture responsabilisante

Watslawick nous propose bien d’autres exemples dans son petit livre. Il est bien entendu recommandé de conjuguer plusieurs techniques pour maximiser l’effet.
Comme le montre avec humour l'auteur, nous faisons tous preuve d’un talent inné pour construire notre malheur. Cela ne signifie pas nier la souffrance que nous éprouvons dans ces situations, ni considérer que nous nous conduisons de la sorte de manière consciente.

Celui qui souffre mentalement ne souffre pas de la réalité « réelle » mais de sa conception de la réalité

Nous souffrons de situations dont nous ne savons pas nous extraire car il nous semble qu’il n’existe pas d’alternative, la possibilité d’une amélioration nous échappe. Nos amis, nos proches, notre famille contribuent souvent par leurs conseils à renforcer la manière dont nous percevons nos problèmes.
L’approche systémique stratégique de Palo-Alto invite à considérer que nous avons une part de responsabilité dans la construction et le maintien de la situation de souffrance. Même si cette posture est inconfortable, elle offre un moyen efficace de redevenir acteur de sa vie: puisque je contribue au problème, je peux contribuer à l’amélioration.

Christopher Avery (http://christopheravery.com/) formalise le chemin à parcourir dans le processus de responsabilité par les étapes suivantes :
Déni > Accusation > Justification > Culpabilité > Obligation 
et enfin prise de responsabilité.
Se référer à l'article d'Olivier My "Responsabilisez-vous qu’ils disaient " 

Besoin d'accompagnement ?

Pour parcourir ce chemin sur le processus de responsabilité, nous avons parfois besoin de l’accompagnement et du soutien d’un coach ou d’un thérapeute.
Contactez-moi si vous souhaitez prendre la responsabilité de construire votre bonheur en travaillant sur vos croyances, vos peurs, vos blocages, votre confiance en vous…
Un bonheur que Watslawick nous recommande d’envisager avec humilité et sagesse car :

“En nous efforçant d'atteindre l'inaccessible, nous rendons impossible ce qui serait réalisable.”